IBM chez les Soviets

Publié le par Sandra

   Un jour une copine qui est traductrice comme moi m'a dit que ce qu'elle aimait dans ce métier était la possibilité qu'il offrait d'apprendre des choses dans tout un tas de domaines auxquels on ne connaissait rien avant et dont on n'aurait sans ça que très vaguement soupçonné l'existence. J'étais déjà d'accord avec elle au moment où elle m'a dit ça mais j'ai eu aujourd'hui l'occasion renouvelée de constater combien elle avait raison.
    Je suis en train de traduire du russe un manuel d'utilisateur de logiciel de production de saphirs de synthèse et le texte contient fatalement un certain nombre de termes d'informatique. Autant dire que je m'avance en terre inconnue. C'est en m'employant à traduire le sigle ЭВМ (EVM) que j'ai découvert que l'Union Soviétique avait dans les années soixante décidé de mettre au point son propre système d'ordinateur et que pour ce faire, les savants soviétiques avaient entrepris de copier les ordinateurs IBM qui avaient fait le succès de la boîte aux États-Unis à l'époque. Si j'en crois l'article de Wikipedia en anglais qui est ma seule source d'informations en la matière (il y a singulièrement peu de ressources en ligne de traduction russe-français particulièrement dans les domaines techniques), la légende aurait voulu que les savants russes aient utilisé des documents IBM volés par le KGB. Heureusement pour IBM et l'honneur des savants soviétiques, mais malheureusement pour les amateurs de James Bond et John Le Carré, la conception en était en fait originale et reconnue comme telle jusqu'à l'Ouest.
    Allez, quand même un petit plaisir pour les nostalgiques de la guerre froide et les amateurs de théories de la conspiration. Comme une grande partie du code contenu dans les logiciels avait été récupéré à partir des programmes conçus par IBM, une rumeur courait parmi les programmeurs soviétiques, qui disait qu'une commande secrète permettait de jouer l'hymne national américain sur ces machines pourtant censées être 100 % marxistes-léninistes.
    Qui sait, peut-être qu'au coeur de la Silicon Valley, dans le temple de l'Amérique libérale, un programmeur transfuge rescapé du maccarthisme a glissé dans un logiciel de MicroSmooth Computer Services Inc. une ligne de code qui permet d'écouter la Varsovienne par les choeurs de l'Armée Rouge. En tout cas, dans un monde parfait, ce serait le cas.

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A
Ah bah bravo ! Maintenant j'ai La Varsovienne dans la tête...
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