My name is Sandra, and I'm a green ink addict

Publié le par Sandra

    Hier soir en traînant sur le site du Guardian, je suis tombée sur une de ces galeries photo qui sont à la mode depuis quelques temps sur les sites des journaux. Vous savez, sur un sujet donné, on vous donne un douzaine de photos avec un petit commentaire. Ca attire les lecteurs et ça coûte moins de temps et de talent que de faire un  vrai reportage photo. Donc, mon oeil a été attiré par la galerie "French trade unions protest"*. En vadrouillant dedans, je tombe sur une photo apparemment prise dans une manif à Lyon hier où on voit plusieurs manifestants portant des slogans écrits sur des panneaux. Et là, quand je lis la légende, car il faut toujours lire la légende (argh, mon passé de prof me rattrape), mon sang ne fait qu'un tour. Le slogan
"Libertés bafouées" avait été traduit par "Liberty on the street" et
 
"poste privatisée" par "privatise the postal service".
    Passons sur l'expression "on the street" que je n'ai pas comprise ("dans la rue" ? "à la rue" ? "faisant le trottoir" ?**), après tout, mon anglais me fait peut-être défaut. Par contre sur le deuxième slogan, il y a de quoi sauter au plafond, puisque la traduction signifie "privatisez la poste", à l'impératif. Le contraire complet de ce que les manifestants voulaient dire.
    Après quelques moments d'hésitation, quand même, parce que j'aimerais pouvoir continuer à penser que je ne fais pas partie de ces pauvres âmes maniaques/dépressives/solitaires qui passent leur temps à écrire aux journaux, à l'encre verte, d'après la légende qui traîne dans les rédactions anglo-saxonnes, après donc délibération intérieure et consultation de MCET qui n'a fait qu'afficher son sourire en coin coutumier, j'ai entrepris d'écrire un mail au rédacteur ou plutôt à la rédactrice du Guardian en charge de la correspondance avec les lecteurs concernant les erreurs et corrections, Siobhain Butterworth***.
    Quel ne fut pas mon plaisir, en retournant aujourd'hui sur la galerie photo incriminée de découvrir que la traduction des slogans avait été corrigée ! Du coup, ma première pensée a été que je devrais imprimer les articles de l'édition spéciale Lyon de Libé, corriger en rouge les environ deux cent cinquante huit fautes d'orthographe par article et les renvoyer à la rédaction. Et puis, finalement, j'ai bu un café et je suis retournée vivre ma vie. Parce que j'ai une vie, non ? Je veux dire, je ne suis pas du genre pauvre fille qui écrit aux journaux, après tout. Pourquoi pas lire les petites annonces matrimoniales, pendant que j'y suis ?
* "Les syndicats français manifestent"
** Si vous avez une idée de ce que ça voulait dire, ça m'intéresse. Hypothèses les plus folles bienvenues.
*** Joli prénom, non ? C'est un prénom irlandais dérivé de Jeanne via les Normands, d'après Wikipedia. À prononcer  /ʃəˈvɔːn/ pour ceux qui connaissent l'A.P.I., "shevôn" pur les gens normaux.

Publié dans Lost in translation

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W
"À la rue", ce serait "on the streets" ; l'activité commune au casque de bobby et au porte-jaretelles (mais pas les deux en même temps, même au pays de l'excentricité), c'est "to work the streets". Ici, je soupçonne un jeu de mots sur "the man in/on the street", l'opinion publique, et/ou une grosse bourde de traduction, de celles qui mettent un peu de détente dans un paquet de copies, auquel cas je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Affaire à suivre...
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S
<br /> Bien d'accord avec toi sur toutes les hypothèses bancales que j'ai émises. Ce qui m'intrigue c'est ce que dans "bafouées" pour traduire "on the street". Mystère total, as far as I am concerned. Ca<br /> vient pas de google traduction, j'ai vérifié, ils donnent "freedoms flouted". Hum, c'est plutôt pas mal d'ailleurs mais il ne faut pas le dire ;-).<br /> <br /> <br />